On était parti pour ne pas être les derniers, on est arrivé les premiers !
Dimanche 9 octobre, nous nous présentons à Bléré avec deux équipages, formés depuis peu : deux jeunes, Simon et Paul, en double minime improvisé à la dernière minute ; quatre femmes, qui rament ensemble depuis le mois de septembre sur un quatre de couple.
Le format de la course : deux fois 900m, une course le matin, et une course l’après midi. C’est une course régionale, à laquelle participent Bourges, Blois, Bléré et Tours.
Comme on est bons joueurs mais qu’on n’est pas tellement préparés, la consigne est : se faire plaisir, ramer propre, ne pas se crisper en cherchant à gagner à tout prix.
Nous voici donc à Bléré dimanche matin, les 6 rameurs, accompagnés d’Hervé Blaise notre président venu pour arbitrer, et Eric Bon, coach, ainsi que de la famille de Clotilde (parents et enfants).
Notre bateau, l’Espadon est tellement beau que le club de Tours nous demande de leur prêter, il faut dire qu’ils ont cassé deux bateaux récemment. Bien entendu, on accepte… mais un peu inquiets : et s’il arrivait quelque chose à notre véhicule ?
Au fait, pour ceux qui suivent l’histoire du club, la camionnette aurait pu en prendre un coup aussi.
Simon et Paul ouvrent le bal, font un beau départ et gèrent bien leur course : ils gagnent d’une bonne longueur d’avance malgré la concurrence sévère de l’équipage Blérois.
Puis c’est le tour des femmes. Elles devaient courir contre des équipages masculins, mais au dernier moment, les organisateurs décident de les changer de série et de les faire affronter l’équipe féminine de Tours. Gloups, c’est toujours un peu déstabilisant les changements de dernière minute… et en plus rien qu’au bruit qu’elles font sur l’eau en arrivant, on entend que c’est un adversaire de taille. Le bateau de Blois, mixte, a une direction incertaine. Les femmes arrivent en troisième position, derrière l’équipage masculin et l’équipage féminin de Tours, mais devant Blois, et contentes d’avoir ramé propre du début à la fin, et complètement asphyxiées.
Vient l’heure du pique-nique. Le soleil est au rendez-vous, on sort les gamelles et on partage le repas au milieu des toux (elles ont pas fait semblant de pousser sur les pelles, les dames). Quelques unes se laissent entraîner par la sieste.
L’après midi, ce sont les finales, on court pour les médailles. La consigne n’a pas changé, malgré la victoire de Simon et Paul le matin.
Ils font encore un bon départ, et l’emportent cette fois haut la main avec 6 longueurs d’avance sur les suivants.
Du côté des femmes, pas de pression. Mais après les dix coups du départ, elles réalisent qu’elles ne se sont pas fait distancer par les Tourangelles : d’un coup, cela change tout. L’idée de gagner émerge. Un petit problème de direction à régler avec les Blessois, qui s’apprêtaient à éperonner l’Espadon. Devant l’impossibilité de les distancer complètement pour les éviter, il faut crier pour qu’ils s’arrêtent… et puis sans qu’on comprenne pourquoi au bout d’un moment on les voit faire demi-tour (on apprendra à l’arrivée qu’ils ont cassé une dame de nage et envoyé un aviron en l’air dans leur manœuvre !). Mais c’est les féminines de Tours dont il faut s’occuper, en tenant bord à bord, en ramant le plus puissamment possible. Sans surprise, elles enlèvent, un peu avant l’arrivée. Mais chacune se concentre, et toutes on rassemble tout ce qu’on sait faire sans se poser de question et sans monter la cadence… et on gagne d’une demi pointe ! C’était inespéré mais on l’a fait !! On l’a fait !
Il paraît qu’au milieu du public, on a vu un homme courir le long de la berge, en criant pour encourager ses équipes, demander les résultats d’un air pressant, et applaudir à tout rompre. Certains disent qu’ils l’ont vu verser des larmes de bonheur et de fierté, mais personne dans le club n’en a été témoin. Ce qui est sûr, c’est que le lendemain, il était aphone et satisfait.
Il se dit aussi qu’il y a eu quelques échanges de regards et de mots entre l’équipe des femmes et leurs adversaires féminines de Tours (par discrétion, nous n’en dirons pas plus, après tout ça s’est passé aussi sans témoin) ; mais chaque club a fait l’effort d’aller féliciter l’autre à la fin de la course et nous nous sommes donné rendez-vous à Angers la semaine suivante. Certains spectateurs auraient entendu, quelques invectives vigoureuses et diablement développées en provenance de l’Espadon et adressées aux chauffards de Blois (efficaces heureusement, ce qui nous a permis de rapporter notre carrosse en bon état).
Et, pour être honnête, une des satisfactions de la journée, c’est qu’on y allé comme ça, et qu’on a créé la surprise ! C’est bon ça.
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