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Bernard Guilhaume interviewé par Clotilde

Le Club d’Aviron de Bourges a récemment recruté un nouvel entraîneur, Bernard Guilhaume. Nous vous proposons de faire sa connaissance.

Pour la plupart des rameurs, tu es nouveau, mais plusieurs personnes de l’ACB te connaissent déjà…

Oui, j’ai une longue histoire avec ce club : je reviens 33 ans après !

On peut recommencer du début… Quand as-tu commencé l’aviron ?

Mes deux parents étaient membres du club d’aviron d’Alger : chacun ramait dans un 8. Nous avons quitté l’Algérie quand j’avais deux ans, et j’ai commencé à ramer à douze ans, à la Société Nautique des Hauts de Seine (SNHS) comme minime puis comme cadet. Je ramais dans un 8, à l’époque c’était le bateau roi. Je n’ai fait que deux saisons à la SNHS, après j’ai fait du handball.

Tu n’as plus ramé après ?

Si ! En 1982 j’étais dans l’école d’Ingénieurs de Bourges. Christian Sibuet (qui est toujours là !), Hervé Decoene et Armel Favereau m’ont recruté pour faire un 4 Universitaire. Je n’étais pas très enthousiaste au début : j’étais marié, avec une petite fille de un an… Mais finalement je me suis laissé convaincre. J’ai ramé toute une saison, et à la nage du 4 barré.

Mais l’engagement de votre équipe à Bourges ne s’est pas arrêté là : tu as eu des responsabilités importantes au club de Bourges…

Oui. Fin 1982, avec les membres du 4 barré, nous avons provoqué de nouvelles élections. Christian est devenu président, Armel secrétaire, Hervé trésorier et moi entraîneur. À cette époque, nous étions dans les locaux de l’ANMB et il y avait les Championnats de 1983 à organiser. Nous avons réussi à la fois à bien recevoir toutes les équipes et à arriver en finale A avec notre 4 barré ! Pour moi, cela a duré jusqu’en 1985, Christian est resté Président jusqu’à l’élection de notre président actuel, Hervé Blaise, et c’est grâce à lui qu’on a pu obtenir les magnifiques locaux actuels !

Et ensuite, tu es allé dans d’autres clubs ?

Oui j’ai déménagé et j’ai ramé à Caen, à Montpellier, à Compiègne. En 2003, j’étais entraîneur senior à Creil. Puis nous avons déménagé en Guyane pour des raisons professionnelles.

Et en Guyane, qu’est-ce que tu as fait ?

D’abord quand je suis arrivé en 2006, il n’y avait pas de club d’aviron, ils ne faisaient que de la pirogue : sur chaque bateau on trouve dix pagayeurs, un barreur et un gardien du feu. Je leur ai fait découvrir l’aviron. J’ai créé l’Aviron Guyanais 973 en janvier 2009 puis la Ligue d’aviron de Guyane en 2011. Ensuite j’ai créé un deuxième club en 2012, l’Entente Nautique de Montsinéry Tonnegrande. Et grâce au projet Guyane Base avancée, un club est sorti de terre, avec un ponton, deux bateaux de sécurité… Aujourd’hui il y a trente bateaux, dont deux 8.

Revenons au club de Bourges, quel est ton rôle aujourd’hui ?

Tout d’abord entre-temps, j’ai passé mes diplômes de monitorat : éducateur et entraîneur sportif. À l’ACB je fais de la prospection scolaire : j’essaie de recruter de jeunes rameurs en collège, pour que nous puissions les former. J’encadre aussi les séances sur l’eau et en salle (musculation, ergomètre) avec les bénévoles : Yves, Nicolas, Éric et Richard. J’entraîne donc les jeunes, les universitaires et les loisirs.

Quels sont tes projets pour l’ACB ?

Mon objectif : un 8 sénior aux championnats de France en 2020 !

Plus sérieusement, je m’investis avec les jeunes, je veux faire en sorte qu’ils restent. Beaucoup de jeunes ont tendance à quitter Bourges après le bac. J’essaie de mettre en place des partenariats avec des structures qui accueillent des étudiants. Je veux motiver les universitaires pour qu’ils progressent et se présentent sérieusement aux compétitions. J’aimerais que les jeunes de 18-23 ans s’impliquent et puissent devenir les futurs cadres du club ! Je souhaite mettre en place cette dynamique.

J’ai envie qu’on puisse emmener entre 20 et 40 jeunes aux championnats de zone, et leur faire plaisir.

C’est quand la dernière fois que tu as ramé en compétition ?

Ma dernière sortie officielle date de 2014, je ramais en double pour l’Aviron guyanais, mais dans le Nère, prêté par Bourges. Je suis arrivé en finale C des Championnats de France Vétéran.

Les championnats racontés par Chris (interview de Clotilde)

Comment t’es-tu préparé pour ces championnats ?

Depuis le 1er janvier 2018jusqu’au jour des championnats, je n’ai pas bu du tout d’alcool et je me suis entraîné six jours par semaine. C’était dur de rester motivé et de faire l’ergo tous les soirs après le travail. Et comme j’avais besoin de perdre deux kilos pour être dans la catégorie poids léger (max 75 kg), j’ai dû faire un régime.

Quels étaient tes objectifs ?

J’ai décidé de m’inscrire pour deux courses : le sprint (500 m), comme en 2017. Mais aussi le 2000 m, je me demande bien pourquoi. Je déteste cette course et je n’avais pas fait de test aux 2000 m depuis mars 2016.

Comment s’est passée la journée ?

Avec Helen, ma femme, nous sommes allés à Paris la veille, pour éviter de faire le trajet tôt. J’ai bien mangé le matin et je suis arrivé tôt au stade Charléty. J’étais très stressé, un moment difficile pour Helen. A 9h, je me suis présenté à la pesée : 74,95 kg ! L’arbitre m’a demandé « Comment as-tu fait ? Bravo ».

Alors ces 2000 m, finalement, comment les as-tu vécus ?

Ma première pensée : « Zut…pourquoi suis-je ici ? ». Puis j’essaie de me rappeler ce qui est important : tout du long, je dois me souvenir de garder la longueur ; me souvenir aussi du conseil d’Emma, ma fille : faire des accélérations tous les 500 m, et ne pas partir trop vite.

Nous sommes douze rameurs, 50-54 PL. 11h05 « Attention, Ready, Start ». Je suis trop content de mon départ, mais je réalise que je dois faire attention, je suis au-dessus de 50 coups par minutes. « Relax ! Trop bon, me voici en troisième place », et j’y reste pendant les premiers 1500 m. « Impossible, la distance avec le 4e augmente, 8m, 12m, de nouveau 8m. Mais non, je ne m’étais pas rendu compte que je me suis fait doubler, je suis 5e et pas troisième !! »

Je termine en 7’10, ce qui est un record personnel. Et j’ai fait de bonnes accélérations tous les 500m. Maintenant il faut manger et boire, quelque chose de léger mais plein d’énergie.

Et le sprint ?

L’échauffement a été très dur, mes jambes étaient très fatiguées et je manquais d’énergie.

Me revient « Pourquoi tu as fait les 2000m, maintenant tu es fatigué ». Nous sommes six rameurs, 50-59 PL.

15h25 c’est le départ. Excellent, je suis en première place après le départ et le deuxième rameur est 3 m derrière moi. Ma cadence : « 55 coups par minute… Relax ! » ; voilà,  « 45 coups par minutes, je suis toujours 3m devant ? ». Puis j’ai décidé d’ignorer ma vitesse, je me suis bien relâché, et j’ai simplement essayé de rester 3 m devant ; chaque fois que le deuxième rameur a accéléré, j’ai fait la même chose.

Et voilà, Hourra, la médaille d’or est pour moi ! Merci beaucoup Helen pour ton soutien.

Et après ?

Après, un verre de vin, peut-être un deuxième verre ? Des chips, du fromage… Et le dimanche, j’ai envie de ramer sur le bassin : l’ergo ça suffit. Mais après 8 km en skiff je suis cuit, et j’ai mal à la tête … ce vin…